Après une quinzaine de lutte, la reprise est pour demain matin : une victoire de plus !

Ouf ! L’Assemblée générale des salariés de Faurecia, en grève depuis le 5 mars, s’est achevée ce midi. Finalement, il aura fallu moins longtemps que l’an dernier aux Auchellois pour faire plier le Groupe à leurs exigences.  Il faut dire que les effets du blocage de l’usine commençaient à se faire sentir un peu partout chez les clients de l’équipementier, contraignant celui-ci à négocier au-delà de ce qu’il avait probablement imaginé. Et c’était bien là l’essentiel pour les troupes de Thérèse Lecocq et pour la CGT, seul syndicat engagé dans le mouvement. 

Comme nous l’annoncions dans le précédent message, c’est sur l’emploi et la pérennité du site que les acquis sont fondamentaux. La direction garantit le maintien de 130 CDI à Auchel. Les 147 salariés concernés aujourd’hui (et non pas 142, comme indiqué par erreur précédemment) sont cependant assurés de conserver leur emploi. Ce sont les départs en retraite qui vont permettre, au fil du temps, de ramener l’effectif au niveau de l’engagement pris par la Direction. Une fois atteint le nombre de 130, le personnel bénéficiant de ses droits à pension et venant à quitter l'entreprise sera systématiquement remplacé. On verra ce qu'il adviendra des 40 emplois qui restent à financer par Faurecia dans le cadre du plan de réindustrialisation. La vigilance des salariés reste de mise, aux côtés des élus du SAZIRAL.

Sur la pérennité de l’usine, le Groupe a pris des dispositions pour garantir des activités jusqu’en 2015, voire même plus. Tout va dépendre de la capacité de Faurecia à obtenir plus de contrats. Au titre des assurances apportées aux salariés, la fabrication du tableau de bord P1X pour Volvo sera en définitive prorogée jusqu’en 2013, alors que la production devait s'arrêter cette année. Faurecia  semble même avoir capté une part de travail supplémentaire pour Auchel sur les nouvelles Peugeot 208 et Renault Laguna. Si tout se passe bien, ces projets peuvent assurer de l’usinage jusqu’en 2017 pour l'unité du bassin minier.

Un autre acquis important est à signaler : la mise en place d’une Commission de suivi, appelée Auchel 2015. On croise les doigts pour que le nom donné à cette instance traduise vraiment dans les faits, dès demain, les promesses faites aujourd'hui aux négociateurs... La Commission sera présidée par le PDG en personne, Monsieur Schmidt, en collaboration avec le DRH de Faurecia International, Monsieur Beyer. Que du beau monde, en quelque sorte, mais on ne doute pas un instant que les dirigeants de l'équipementier trouveront face à eux des partenaires coriaces, à savoir les représentants de la CGT qui vont y siéger chaque mois. Enfin, les syndicalistes ont obtenu le paiement des journées de grève – deux seront défalquées des RTT – et une prime de fin de conflit qui devrait s'élever à 200 euros.

De source sure, le travail reprendra donc dès demain 5 heures à l'usine d'Auchel. Pas de nostalgie dans les regards croisés sur le site ce midi, mais l'expression évidente du devoir accompli, un peu à la façon des mineurs d'antan, l'exubérance en plus. Il faut reconnaître que la lutte n'était pas gagnée d'avance avec quatre fois moins de forces vives qu'il y a un an, entre les départs volontaires et les mutations à Hénin et Marles. Chapeau bas, les gars, car 130 emplois sauvés à Faurecia, c'est une nouvelle fois la fermeture de l'usine évitée, mais c'est aussi des petites entreprises de la sous-traitance préservées, une cinquantaine de leurs salariés que vous tirez des affres du chômage et, d'une certaine manière, c'est une bouffée d'oxygène que vous donnez aux commerçants et à la vie des communes, de leurs associations, de leurs habitants.

En bref, c'est une nouvelle leçon de courage, d'audace et d'opiniâtreté qui nous est prodiguée aujourd'hui. Nous vous en sommes reconnaissants. Comme le dit si bien l'adage, l'union fait la force, et vous n'y aurez pas dérogé d'un iota durant la quinzaine écoulée. Que votre exemple imprègne toutes celles et tous ceux qui doutent encore de leur capacité à faire bouger les choses ensemble. Mardi prochain, le 23 mars, une journée de lutte se profile déjà, qui associe le privé et le public. Il nous faut que nous soyons très nombreux à montrer, autant que vous venez de le faire, qu'il est possible de travailler et vivre dignement, sans céder à l'oppression ni à la fatalité dont on nous rebat les oreilles un peu trop souvent depuis quelques temps.